Reflets dans un vieux miroir

Mark Haywood

Sonja Britz vit dans l’Aveyron dans une maison qui surplombe le Lot depuis plusieurs siècles. Au cours des huit dernières années, elle a étudié la rivière et ses saisons sous différents angles. De près, sur la rive du fleuve, elle a peint les reflets de la forêt environnante de la Châtaigneraie, tandis que de ses ponts, elle a enregistré les reflets des franchissements du fleuve anciens ou modernes. Le mot anglais reflection peut signifier à la fois «réflexion» et «reflet» ; les peintures de Britz combinent de la même manière les aspects physiques et mentaux de la réflexion.

L’exposition actuelle comprend à la fois des oeuvres antérieures réalisées au milieu de l’été et le reflet d’un pont médiéval, mais se compose principalement de peintures réalisées au cours des six derniers mois. Cette oeuvre est née de l’exploration du Lot avec une caméra de drone et de la découverte que son point de vue à vol d’oiseau des reflets de la rivière a créé une inversion qui a évoqué l’espace céleste typique des plafonds baroques peints. Les reflets de ces cieux d’automne à la surface du Lot créent une déconcertante sensation de récession spatiale qui est simultanément contredite par la présence de feuilles flottant à la surface de l’eau. On peut comparer cela à la contradiction spatiale de regarder dans un vieux miroir dont le tain est tacheté et corrodé, et dans lequel on voit la réflexion spatiale, tout en étant conscient de la surface plane et réfléchissante.

Aujourd’hui, ces vieux miroirs sont prisés par les architectes d’intérieur parce que leurs reflets sont plus riches et plus atmosphériques que les reflets nets et durs des miroirs modernes. Une autre raison de leur attrait : lorsque l’on regarde dans ces miroirs, on peut tomber en rêverie de qui cet autre qui s’y reflète. Inversement avec le Lot, les ajouts artificiels tels que ponts et barrages n’ont pas d’impact sur les nombreuses sections de la rivière qui traversent la Châtaigneraie. Les reflets de forêts et de ciel diffèrent peu de ceux observés lorsque l’homme est entré pour la première fois dans cette vallée.